d a n s   c e   r e c o i n   s a n s   f a i mRetour à la sueur de mots




On dit on dit on dit
Que de jeunes enfants juifs
Au seuil du palier de l'antre de la mort
Qu'étaient les grosses bâtisses
Noires d'horreur
Rangeaient leur espoir dans un dessin

Un papillon

On dit on dit on dit
Que ce papillon servait à oublier
Les larves prisonnières d'autres
Larves plus révulsantes encore
Penser à après
Aujourd'hui n'est qu'un prologue
Si cet aujourd'hui est subi

Alors moi je vous pose la question,
Si nous sommes tous des larves,
Où sont les papillons ?

On me dit on me dit on me dit
Qu'ils sont tapis
Dans le pays qui n'en est pas un
Car un pays a des frontières
Cet endroit n'en a pas
On commence par l'imaginer
Un espace
Qu'y voyons-nous ?
Un sol violet ? Va pour un sol violet
Des bribes de vent qui déplacent
Les anciennes peaux
Des anciennes larves
En de jolies vagues brunatres
Des reflets de jaune, d'orange et de roses
Se meuvent sur le lit de ces larves
En un sens aléatoire
Mais sans pause
Mouais... Allons ! Rajoutons-y
un gros rocher au milieu,
Un rocher en forme de poing
Un poing serré
Certains y verront la lutte
D'autres un sacrilège :
Interdiction de poser un élément humain
Dans ce lieu

Seulement je ne crois pas avoir
Jamais parlé d'un règlement là-bas
Alors hop là ! Basta l'interdiction !

Un poing serré donc
Sur l'auriculaire bronze une seringue
Elle attend patiemment que
Son liquide s'évapore
Pour ensuite s'allonger sur l'annulaire
Là elle aiguisera son aiguille
Qui n'en a pas besoin
Mais si on vient à se rappeler
Que c'est ainsi qu'une seringue
Evacue sa folie
Alors on retrouve notre séreinité
Lorsque son aiguille sera étincelante
D'acèrement
Elle roulera vers le majeur
Sur lequel elle pourra s'étirer
De tout son long
Remplir son ventre d'air et des poussières
Que les pluies de larmes amènent
Son dard dépassant légèrement du doigt immobile
La scène vue d'en bas
Ne paraîtrait pas.
Sur le poing d'exploser
Elle saute sur l'index
Et souffle un mot libérateur
De son souffle.

Le langage des seringues
Est basé sur un dialecte
Qui évolue tel un virus
Il évolue à chaque seconde

Reste le pouce
Elle le regardera dubitativement
Pas facile d'accès le bougre
Replié comme il est
Elle se laissera glisser lentement le long de l'index
En une série de pompage
jusqu'à tomber
Nette
Aiguille en avant
S'enfonçant dans le doigt asociable

Le poing tremblera
La seringue plus encore

Le mouvement historique des mues passées
S'arrêtera sans brusquerie

Au rythme d'un air de flûte strident
Le poing s'ouvrira

Regardez !




Un papillon !



Ecrit le 16 avril 2004


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