Tant
d'années ont passé
Si identiques les unes aux autres qu'un souvenir diffus les honore
Le poids, le ciment, le poison de la hargne
Ont attaqué l'éclat de mon sang
jusqu'à aujourd'hui ou
Il me brûle tant il s'est abimé.
Je ne sais pas comment j'ai retrouvé sa trace
Sa nouvelle vie, ses enfants, son toît et mon
remplaçant
Le fait est que je serpente près de leur repaire
Ma polluante non loin.
La scène est sous un angle extérieur à
moi-même
J'apparais en acteur déjanté,
inquiètant, le calme d'une bombe, les tics du
désordre
L'opportuniste sort et me fait front
Il sait le but de mon avancée, tandis que je l'ignore.
Alors qu'il m'est envisagé comme un obstacle
L'incrédulité prend la forme d'un canon noir,
générateur d'un champ invisible qui me stoppe net
Bras tendu contre temporales cognantes
Le scénario m'étreint : il a envie de tirer !
Plus le temps de jouir du danger que je représente
à ses yeux
Ma peau se tend, mes jambes raidissent et tentent de m'arracher au
cercle intime du résistant.
Qu'il voit l'intrus partir avec ce qu'il amène.
Premier pas, corps pivoté, je m'éloign...deux
claquements consécutifs résonnent dans mes
oreilles et mon dos
Alerte générale, l'herbe collée au
nez, à la joue, respiration coupée, poumons
à l'agonie. Immobile.
Je vois cette fois de mes yeux
Lucidité insoupçonnée, je comprend.
Si je vis, ce sera de moitié, la haute ?
Impossible, l'homme qui aurait pu être volé
m'entend quèter.
Dans la tête, dans la tête, plusieurs fois, de
chaque côté,
Pour être sûr.
Il va le faire, attente. Le plus grand mystère va rompre sa
pudeur
Je m'apprête à sentir un orgasme ou presque
woosh. Noir.
Des picotements s'éveillent dans ma chair, toute ma chair
En même temps qu'une rumeur vite
précisée, une dizaine de voix,
aigues, métalliques, implorantes, lancinantes et sans
unité
touche moi, touche moi, touche moi...
Ecrit le 17 novembre 2004